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Maggy Geoffroy-Doyen

 

Maggy GEOFFROY-DOYEN...

par Jean Louis PINEAU

Aquarelles à l'Office de Tourisme de Semur en Auxois

16-31 octobre 1987

            ( … ) Comme les grands arbres solitaires, tu as franchi la porte étroite, et tu nous proposes un voyage dans l'audelà des couleurs, celles des matins qui naissent, et, plus encore, celles des soirs de brume où les fleurs « s'évaporent ainsi qu'un encensoir Â», où l'on entend Baudelaire, où l'on pense aux poètes.

            Et l'aquarelle traduit très bien ici le jeu subtil de la dissolution des couleurs, de leur transparence, de leur lumière, de leur parfum léger qui tourne dans l'air du soir, « valse mélancolique et langoureux vertige Â».

            Correspondances mystiques. Façon de dire une fois de plus que l'oeil écoute à la recherche de l'Etoile.

            ( … ) Nous suivons ces petites femmes rouges, assoiffées d'infini, qui vont et vont sur les chemins avant de s'évanouir en fleurs, en spirales et en spirales fleuries dans la sérénité des soirs, quand les cercles de plomb se dissolvent dans l'air et que plane l'ombre immense de Virginia Adeline Woolf.

            Sans dessin préalable, tu trempes tes pinceaux dans les couleurs de ton enfance, celles des étangs, celles des vallons, celles des campagnes, celles des bosquets trop verts de Saône et oire, proches d'Etang sur Arroux où se dresse peu à côté de chez toi, est-ce coïncidence, le temple des mille bouddhas. Et, comme Bouddha, tu nous appelles à la méditation. ( … )

 

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Maggy GEOFFROY-DOYEN...

par Fabienne CHANCRIN-HICTER

« Intermittences Â» au Musée des anciennes Ecuries de Buffon

Montbard, 29 avril - 2 mai 1995

 

Mes pensées les plus chères sont étrangères au monde si peu que je les exprime lui paraissent étranges. Mais si je les exprime tout à fait, elles pourraient lui devenir communes... Francis PONGE, Drame de l'expression, 1926, in « Le parti pris des choses

Intermittences d'une production qui, loin de l'exercice rétrospectif, révèle des ensembles, des séries comme autant d'investigations possibles.

Intermittences du geste ou alternance d'une vitalité exacerbée et d'un calme mélancolique.

            Arythmie des émotions.

Car il s'agit bien d'un travail gestuel et instinctif, dans lequel la couleur joue un rôle majeur. Employée avec générosité, elle se décline en teintes vives ou pastelles qui se mêlent, fusionnent, éclatent en contrastes étonnants ou se fondent en nuances imprévues.

            L'ensemble des tableaux rend compte du large éventail de possibilités offertes par le pastel. Sans dessin préalable, la couleur travaillée à la main s'arrondit, se creuse, se tord, se gonfle d'un souffle de vie : elle génère la forme. Les traces de doigt témoignent du contact physique que Maggy Geoffroy entretient avec son dessin et révèlent la spontanéité d'un geste qui occupe l'espace.

            Utilisé comme un crayon, le pastel devient élément graphique. Prolongement d'un mouvement ample, le trait exprime l'élan dont l'effet est amplifié jusqu'au vertige par sa démultiplication. Générateur de tension et de dynamisme, il structure la composition, souligne les formes, crée une ossature pour devenir une véritable architecture dans la série des Voûtes.

            La couleur indissociable de la forme trace des signes rapides et vifs que l'on se plaît à imaginer écriture kabbalistique. Dans un foisonnement orchestré, ils rythment les dissins comme une mélodie connue, gaie et légère, et font vibrer la surface des tableaux. La couleur devient musique, on écoute les teintes, qui, telles des croches dansant sur une partition, captent l'attention du spectateur et accompagnent son regard.

            A la diversité des gestes répond en écho la pluralité des factures. Jamais en effet, la couleur n'est appliquée de façon uniforme et neutre. Etalé avec légèreté, le pastel devient transparent, limpide, proche de l'aquarelle . La palette diaphane oscille entre les teintes vaporeuses et une imperceptible pigmentation pareille à des poussières de lumière.

            A l'inverse, en appuyant ou surchargeant la touche, la couleur se densifie, s'intensifie, semblable à du velours dont la texture douce et tactile prodigue aux coloris profondeur et reflets chatoyants.

            A cette dualité entre matériel et immatériel, s'ajoute le contraste des supports : clair il accroît la luminosité des couleurs, sombre au contraire, il les matifie.

            Jeu d'opposition, enfin, entre la rugosité des grains qui transparaissent et l'aspect soyeux, satiné et sensuel de la surface lorsqu'elle est abondamment recouverte.

            Espaces de mouvements, de tensions et de rythmes colorés, ainsi nous apparaissent les tableaux de Maggy Geoffroy, qui saisit l'insaisissable : l'instant d'un geste, d'une pensée, d'une émotion. Å’uvres intimes et sensibles, mais ouvertes dans lesquelles rien n'est imposé, tout au plus est-ce suggéré. Alors laissons nous glisser dans le tumulte de la couleur, dans ces mondes où le rêve est poésie. Un tel flamboiement ne peut qu'embraser notre imagination, nous inviter à passer, comme Lewis Caroll, de « l'autre côté du miroir Â».

 

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Artiste aux multiples palettes, Maggy Geoffroy-Doyen fait surgir la couleur et la lumière de ses tableaux.

Elle a la capacité rare de transcender les formes pour qu'elles apparaissent de façon éclatante aux yeux du spectateur, produisant un feu d'artifice de tonalités qui font réellement vivre ses tableaux.

 

Elle travaille en Bourgogne, cette région où les couleurs sont subjuguées par les paysages.

 

Ses thématiques décrivent le vivant des émotions et l'humeur des rencontres. Elles nous présentent une vie sensible faite de jets de lumières éclairant une réalité parfois sombre.

Jean Luc Brun 2015

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